« Les nouveaux populistes ont retenu les leçons des dictatures passées. Le scénario est toujours le même. Ils attisent les frustrations et la haine. Ils stigmatisent les minorités pour construire leurs majorités. Une fois élus, ils sabordent l’indépendance de la justice et la liberté de la presse, avec l’aide de la police et de l’armée et à grand renfort de fake news. Ils échappent ainsi à tout contrôle. Les élections deviennent anecdotiques et les droits de l’homme insignifiants. »
« Les autocrates apprennent à manipuler la démocratie, ils se débarrassent de l’opposition, musellent la presse, enferment les dissidents. Puis, ils organisent des élections, et chose incroyable, ils l’emportent. Souvent, le reste du monde considère que les élections se sont tenues dans des conditions convenables et reconnaît la légitimité du pouvoir élu. La démocratie est ainsi minée de l’intérieur. Dans le monde entier, des petits Trump appliquent la même recette avec toujours plus de succès et peu de dirigeants occidentaux actuels ont à la fois l’autorité morale et l’envergure nécessaire pour s’opposer à ces autocrates. » - Kenneth Roth, Human Rights Watch
Source : Documentaire Arte « Inviolable – Le combat pour les droits de l’homme »
"Adolf Hitler accéda au pouvoir le 30 janvier 1933. Il a obtenu le pouvoir et le poste de chancelier à la suite d’élections démocratiques. Une fois aux commandes, il allait détruire la démocratie. Ce qu’il fit en à peine quelques mois. Il fit miroiter aux citoyens une société revigorée, fière, plus juste et fermement allemande. Il voulait faire rentrer l’Allemagne dans les rangs des grandes puissances de l’Europe. Il fit ouvrir de grands chantiers et déclara redonner du travail aux chômeurs.
Le Führer proposait une autorité empreinte de visions et de rêves. Ce faisant, il touchait à quelque chose de profond dans la psyché humaine. Son discours collait déjà parfaitement au mélange de colère, de peur et de ressentiment animant son public. Simplicité et répétition étaient ses armes oratoires. Pas besoin de programme, juste attiser les braises de la rancœur. Hitler l’a d’ailleurs écrit lui-même très clairement dans Mein Kampf : « L’art de tous les grands chefs populaires a toujours consisté à concentrer l’attention des masses sur un seul ennemi, car les grandes masses sont aveugles et stupides. La seule chose qui soit stable, c’est l’émotion et la haine. »
Le 28 février 1933, un décret suspend les droits de tous les citoyens allemands en autorisant leur « détention préventive ». Les journaux sont fermés, les communistes emprisonnés, assassinés, les rassemblements politiques interdits et l’on n’entend que le son de la radio de Goebbels. A peine est-il nommé chancelier qu’il organise de nouvelles élections législatives, pour renforcer le poids de son mouvement sur le pays. Il réussit à faire voter une loi qui lui donne les pleins pouvoirs. Le camp de Dachau ouvre. Le 29 mars, les libertés fondamentales sont abolies, la mise au pas de la nation allemande commence. Les camps de travail se remplissent, les partis politiques sont interdits, les syndicats, dissous." La suite, nous la connaissons.
Source : Extraits remaniés du livre « Lorsque j’étais quelqu’un d’autre » de Stéphane Allix.