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Regards sur...
29 janvier 2019

La crise migratoire européenne n'en est pas une

Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, fustige "l'incapacité de l'Union européenne à gérer les questions migratoires" alors qu'elle a "le devoir d'accueillir des personnes qui fuient la guerre ou les persécutions." Il déplore que "tout le mécanisme de sauvetage en Méditerranée se retrouve limité" et espère que "les élections européennes nous permettront de passer à une étape où nous pourrons avoir cette discussion sérieuse."

A la question "l'Europe fait-elle toujours face à une crise migratoire ?", il répond : "Quand on regarde les chiffres, les réfugiés déplacés représentent environ 70 millions de personnes dans le monde, 85 à 90% ne sont pas en Europe, ni en Amérique, ni en Australie, ils sont dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. C'est donc là que se situe la crise. Je dis que ce n'est pas une crise [pour l'Europe] comparée à ce que vivent le Liban ou le Bangladesh avec beaucoup moins de ressources. [L'agence Frontex confirme également qu'il n'y a pas de crise migratoire en Europe]. Alors, bien sûr, nous avons vu des gens arriver en Europe en grand nombre à un moment donné. C'était critique et cela n'a pas été bien géré. La crise s'est alors aggravée et elle a été politisée, ce qui l'a rendue encore plus sérieuse et ce de manière irréversible."

"Je ne vais certainement pas blâmer Angela Merkel qui a fait ce qu'il fallait à mon avis: elle a montré que l'Europe donne encore de la valeur à la solidarité. Le problème [politique] est que quand elle a fait cette fameuse déclaration selon laquelle les Syriens seraient les bienvenus en Allemagne - et n'oublions pas que les Syriens fuyaient une guerre atroce à l'époque -, le reste de l'Europe n'a pas suivi. Le reste de l'Europe n'a pas partagé cette vision. L'Allemagne a été laissée seule avec cette responsabilité."

"Il faut de la cohésion, travailler ensemble et dépolitiser l'ensemble du phénomène."

"L'échec doit être attribué à l'incapacité de l'Europe à gérer ces questions. L'Europe a le devoir d'accueillir les personnes qui fuient la guerre et les persécutions. Ce n'est donc pas un choix à mon avis, c'est une valeur européenne. C'est une obligation européenne, également en vertu du droit international. Mais en s'y conformant, l'Europe doit être mieux organisée et c'est là que nous en revenons à la politisation. C'est devenu tellement politisé que le moindre petit bateau errant en Méditerranée avec 20 personnes à bord devient un drame européen."

"Et vous avez certainement remarqué qu'aujourd'hui, en Europe, c'est à celui qui en fera le moins possible pour accepter ces personnes et s'en occuper plutôt qu'à celui qui sera le plus généreux. A l'époque de Noël, [deux bateaux erraient en Méditerranée] : des conditions difficiles pendant environ trois semaines, 49 personnes venant d'un continent de 500 millions d'habitants qui voulaient rejoindre l'une des régions les plus riches du monde. Alors où est le problème ?"

"Cela fait partie des valeurs de l'humanité de sauver ceux qui sont en détresse en mer. La part de ceux qui perdent la vie augmente [nombre de victimes], c'est absolument inacceptable !"

L'intégralité de l'interview sur Euronews.

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