L’urgence d’agir avec sagesse pour un monde plus durable
"Comme climatologue, je suis frappé par ce qui nous arrive avec ce virus. Ce que nous vivons évoque tellement, en accéléré extrême, le genre de bouleversements auxquels les changements climatiques vont nous confronter. Bien sûr, il y a de nombreuses différences entre les deux problèmes, mais elles ne sont pas si grandes que cela. Avec le virus, ce sont « seulement » les humains qui tombent malades. Pour le climat, ce sont les humains ET les écosystèmes qui souffrent, et de plus en plus.
Rappelons que la canicule de l’été 2003 a tué 70 000 Européens, principalement âgés et isolés. Les étés comme celui-là risquent de devenir habituels d’ici 30 ans à cause des changements climatiques. De nombreuses espèces animales et végétales ne pourront pas s’adapter. La production agricole elle-même sera affectée par un climat plus chaud qu’au cours de toute l’histoire humaine. Ce seront les plus pauvres, ici aussi, qui seront les plus affectés. Cette vague climatique aura des effets bien plus graves encore que la pandémie."
Déjà les premières conclusions s'imposent : "L’humanité a intérêt à mieux prendre en compte les scientifiques et leurs alertes. Les changements radicaux présentés hier comme inimaginables sont possibles quand chacune et chacun nous ressentons vraiment le danger qui nous menace, et que la volonté politique est au rendez-vous.
Nous devons saisir l’occasion de la relance post-covid 19 pour être à la hauteur de cette tâche. Puissions-nous tous et toutes être très touchés dans notre coeur et dans nos tripes par la gravité de ce qui vient de se passer, par le risque énorme de vivre des extrêmes climatiques encore pires, et ainsi comprendre l’urgence d’agir avec sagesse."
- Jean-Pascal van Ypersele, extraits choisis de la "Lettre d’un climatologue confiné" (Lettre N°17 - Juin 2020), Plate-forme Wallonne pour le GIEC.