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Regards sur...
17 juin 2023

Les promesses de l'IA ne feront que renforcer le pillage des ressources

"Les intelligences artificielles génératives mettront fin à la pauvreté dans le monde", nous disent les grands pontes de la tech. "Elles vont résoudre le problème du dérèglement climatique. Et elles vont redonner du sens à nos métiers et les rendre plus intéressants". L'idée qu'il vaut mieux attendre que des machines formulent des solutions plus acceptables et/ou profitables n'est pas un remède au mal, mais un symptôme de plus. Non seulement ces belles promesses tentent de faire passer un pillage à grande échelle comme un cadeau, mais en plus elles contribuent à nier les incontestables menaces que constituent ces technologies.

Il existe bien un monde où les IA génératives pourraient effectivement être au service de l’humanité, des autres espèces et de notre maison commune. Encore faudrait-il pour cela qu’elles soient déployées dans un environnement économique et social radicalement différent de celui que nous connaissons. Nous vivons dans un système conçu pour extraire le maximum de richesses et de profits – à la fois des êtres humains et de la nature. Et dans cette réalité où le pouvoir et l’argent sont hyperconcentrés, il est nettement plus probable que les IA se transforment en terrifiants instruments de vol et de spoliation.

Car ce que l’on observe, c’est que les entreprises les plus riches de l’histoire sont en train de faire main basse sur l’entièreté des connaissances humaines consignées sous forme numérique et de les enfermer dans des produits propriétaires, parmi lesquels bon nombre porteront préjudice à des hommes et femmes dont le travail aura été utilisé – sans leur consentement – pour fabriquer ces machines. C’est ce que la Silicon Valley appelle couramment “disruption”. Le temps de dépasser l’effet de nouveauté et de commencer à mesurer les dégâts sociaux, politiques et économiques de ces nouveaux jouets, la technologie est déjà si omniprésente que les législateurs et les tribunaux jettent l’éponge.

D'abord, créez un produit attractif et mettez-le à disposition gratuitement ou presque pendant quelques années, sans apparent modèle commercial viable. Faites de nobles déclarations sur votre objectif. Puis, voyez les gens devenir accros à votre outil gratuit et vos concurrents faire faillite. Une fois le champ libre, faites de la place pour la publicité, la surveillance, les contrats avec l'armée et la police, la boîte noire des reventes de données utilisateurs et les frais d'abonnement croissants. Des chauffeurs de taxi en passant par les locations saisonnières et les journaux locaux, combien de vies et de secteurs ont-ils été décimés par cette méthode ?

Avec la révolution de l'IA, ces préjudices pourraient paraître marginaux par rapport aux nombre d'enseignants, de programmeurs, de graphistes, de journalistes, de traducteurs, de musiciens, de soignants et tant d'autres professionnels menacés de voir leur gagne-pain remplacé par du mauvais code. Mais n'ayez crainte, prophétisent les apôtres de l'IA - ce sera merveilleux.

Alors qu'il connaît pertinemment le pouvoir de l'argent sur les politiques du gouvernement, Sam Altman, le PDG d'OpenAI - concepteur de ChatGPT -, semble halluciner un monde complètement différent du nôtre, un monde dans lequel les dirigeants politiques et les industriels prendraient leurs décisions sur la base des données les plus pertinentes. Or nous ne vivons pas dans le monde rationnel et humaniste que Sam Altman semble voir dans ses hallucinations.

Les géants de la tech voudraient nous faire croire qu'il est déjà trop tard pour revenir en arrière et renoncer aux machines qui supplantent les humains."

 

"Un monde de deepfakes et d'inégalités croissantes n'est pas une fatalité. Il est le résultat de choix politiques."

 

Source : extraits choisis de l'article de Naomi Klein "Les IA organisent le plus grand pillage de l'histoire de l'humanité" paru dans le Courrier International. L'article original est paru dans le journal The Guardian.

Naomi Klein illustration 2

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