Les défis pour l'Occident se succèdent mais nous naviguons à l'aveugle
"Cela fait plusieurs années maintenant que les défis se succèdent : Covid-19, Ukraine, cyber, guerres de l'information, crise des réfugiés ou, plus récemment, Taiwan. Loin d'être imprévisibles, ces crises ne sont pas des black swans. Pourtant, une combinaison de manque de préparation, de wishful thinking, et de court-termisme a entraîné une gestion désordonnée, inefficace et inadaptée. Au niveau belge comme au niveau européen, l'absence de stratégie est flagrante, la navigation se fait à l'aveugle, sans boussole, ni compas."
En politique, "la gestion de crise est devenue un alibi très confortable pour ne pas prendre de décisions stratégiques à long terme. [...] L’Ukraine, devenue un enjeu stratégique majeur du jour au lendemain alors même qu’elle n’était pas considérée comme intérêt vital pour les Occidentaux, illustre parfaitement ce constat."
"Notre vision du monde doit être repensée, notre politique étrangère réinventée pour l’adapter aux réalités du monde d’aujourd’hui et encore plus à celles du monde de demain, qui sera caractérisé par des défis dont nous ne semblons pas prendre la (juste) mesure. Trop d’erreurs sont commises par manque de compréhension des évolutions du rapport de force dans le système international, par rapport aux technologies de rupture ou aux conséquences du changement climatique pour ne citer que deux exemples. [...] La logique actuelle de l’Occident, logique de résistance au changement, ne pourra être que perdante à moyen et long termes."
"Le renforcement des liens entre démocraties ne suffira pas à garantir un quelconque ordre libéral ; repenser nos relations au (reste du) monde est fondamental. [...] L’ère d’un Occident omniprésent et dominant est révolue : là où nous pouvions nous permettre largesses et erreurs, nous devons aujourd’hui être ciblés, précis et efficaces."
Source: extraits choisis d'un article de La Libre par Tanguy Struye de Swielande, Professeur en Relations internationales à l'UCLouvain.