"Aucune contrainte, qu'elle soit morale, juridique ou sociale, ne fera obstacle à la découverte, à la revendication et à l'analyse des comportements à des fins commerciales."
- Shoshana Zuboff, sociologue et professeur à la Harvard Business School
Source: citations extraites de la page 79 du livre "La mort de la vie privée" du journaliste d'investigation Fabrice Mateo
"Facebook a conclu un accord préliminaire dans un procès de longue date réclamant des dommages et intérêts au réseau social pour avoir laissé des tiers, dont la société Cambridge Analytica, avoir accès aux données privées des utilisateurs.
Cambridge Analytica, qui a fermé depuis, avait collecté et exploité, sans leur consentement, les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs de Facebook, auxquelles la plateforme lui avait donné accès. Ces informations auraient été utilisées pour élaborer un logiciel utilisé pour orienter le vote des électeurs américains en faveur de Donald Trump.
Selon un document judiciaire déposé vendredi [26 août 2022] auprès d'un tribunal de San Francisco, Facebook indique soumettre le projet d'un "accord de principe" et a demandé la suspension des procédures pour 60 jours "afin de finaliser l'accord par écrit et de le présenter au tribunal". Le réseau social n'indique pas de montant ni les termes de cet accord dans ce procès en nom collectif.
En juillet 2019, les autorités fédérales ont imposé à Facebook une amende de 5 milliards de dollars pour avoir "trompé" ses utilisateurs et lui ont imposé un contrôle indépendant de sa gestion des données personnelles."
"Nous sommes cernés de toutes parts. La reddition est notre seule option, l’acceptation de la défaite, notre unique horizon. Nous sommes victimes du plus grand pillage de l’histoire, du casse du millénaire. Nous avons consenti à faire usage de services plus ou moins utiles, plus ou moins pratiques, plus ou moins performants, en échange de l’utilisation de nos données personnelles. Désormais, elles se collectent, se vendent, sont exploitées la plupart du temps sans notre assentiment et hors de notre contrôle. Nos ennemis, assoiffés de vie privée, sont nombreux. Les géants du numérique (GAFAM, BATHX, NATU et autres licornes), les administrations publiques, les services de renseignements, les data brokers, les hackers, toutes sortes de sites de commerce en ligne se sont approprié des éléments qui façonnent notre identité. Et le plus incroyable, c’est que nous ne réagissons pas. Mark Zuckerberg nous avait pourtant avertis que la vie privée était un concept archaïque.
Nous sommes à la merci de ces magnats du numérique sans scrupule. Ils savent tout de nous. Ce que nous y avons gagné, c’est le droit de continuer à nous faire spolier sans mot dire, parce que nous voulons utiliser toujours plus leurs services, parce que nous voulons toujours plus de likes, parce que nous voulons être livrés de nos achats en vingt-quatre heures (et demain en moins d’une heure avec des drones). Nous continuons à abreuver les réseaux sociaux de nos idées, de nos photos et de nos vidéos. Nos données personnelles valent de l’or et nous les jetons en pâture.
Est-il déjà trop tard ? Notre vie privée est-elle d’ores et déjà condamnée au capitalisme de surveillance, selon l’expression de la sociologue américaine Shoshana Zuboff ? Jusqu’à présent, nous avons truffé le monde de capteurs en tout genre pour tenter de comprendre notre environnement, rigoureusement, scientifiquement. Dorénavant, c’est nous qui sommes la cible des intelligences artificielles du capitalisme de surveillance. Les géants du numérique sont valorisés en Bourse de façon inédite dans l’histoire. Pourtant, Uber perd de l’argent à chacune des courses de ses VTC, Amazon ne reverse aucun dividende à ses actionnaires, Tesla vend vingt fois moins de voitures que Volkswagen et vaut cinq fois plus. Alors pourquoi ces sociétés pèsent-elles des tonnes de milliards en Bourse ? Elles possèdent nos données."
Source : Début de l'introduction du livre "La mort de la vie privée" par Fabrice Mateo, journaliste d'investigation.
"Il n'y a nulle part sur Terre où l'eau de pluie serait propre à la consommation, d'après les données que nous avons utilisées", déclare Ian Cousins, professeur à l'Université de Stockholm et principal auteur d'une étude récente, publiée dans la revue Environmental Science and Technology. Son équipe a étudié des données compilées depuis 2010 et montré que "même en Antarctique ou sur le plateau tibétain, les niveaux présents dans l'eau de pluie sont au-dessus des recommandations proposées de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA)." [...] "On a rendu la planète inhospitalière à la vie humaine en la contaminant de manière irréversible, ce qui fait que plus rien n'est propre. Et au point que ce n'est pas assez propre pour être sûr.", ajoute-t-il.