L'impunité des trafiquants de migrants
"Mardi Noir" est psychologue, auteure et youtubeuse. De l'article "La norme et moi" paru dans la revue Inexploré (numéro 51), je reprends ici quelques extraits choisis :
"Qu'est-ce que la norme ? La norme est un consensus établi implicitement entre les membres d'un même groupe. Absorbé petit à petit par l'enfant, au prix parfois de certaines souffrances, ce consensus social se forge chez l'individu comme un ensemble de "règles à suivre", sans lesquelles il risque d'être évincé. Société dont l'animal social qu'est l'humain a besoin pour survivre, cela va de soi. La norme est donc associée à une culture, une temporalité et aussi parfois, et c'est là que le bât blesse, une idéologie. [...] La norme questionne l'altérité, comment faire pour que la réponse ne soit pas idéologique ? Parce que tout le cheminement hésite entre le moi-social et le moi-intime et donc le passionnel. Il faudrait commencer par être au clair avec nos propres écarts quant à notre norme personnelle, accepter notre part d'ombre, pathologique, l'univers de nos fantasmes. [...] Le rapport à la norme interroge nos idées reçues, nous force, sans que nous nous en rendions compte à nous positionner. [...]
La norme résonne quand même avec l'idée que les particularités y sont gommées au profit d'un général plus répandu. Mais comment advient ce "général" ? Produit d'une culture, d'une spiritualité, d'une science, la norme prend le risque de la standardisation, au sein de laquelle l'individu ne se reconnaît peut-être pas. Et ici entrent en scène ce que nous redoutons tous et qui nous maintient dans ce qui-vive de la norme : le jugement de valeur et le regard des autres. Explosion avec Internet bien sûr... "Mardi Noir" soulève cet écueil relatif aux réseaux sociaux: "Ce que l'on voit d'une personne est lissé à un seul aspect, gommant les contradictions à l'être humain. Nous aimons, classer, trier, organiser ce qui nous échappe." Et c'est cette complexité humaine qui disparaît dans la norme à coup de sabre, "la norme n'est pas établie pour être subtile", comme aime à la rappeler l'auteure. Tout ce qui est subversif, alternatif, critique ou transgressif joue alors sur la corde sensible de la norme."
"Le journaliste que je suis, mais aussi plus globalement notre société, on s'illusionne en pensant qu'il peut y avoir des réponses à toutes les questions à travers le seul prisme de la Science et de notre relation rationnelle au réel. J'ai découvert que la Science est un outil formidable mais qui façonne un mode de pensée enfermant. Parce que tout ce qui échappe à l'expérimentation scientifique ne peut alors plus participer de notre réflexion. Un peu comme si on disait que l'amour n'étant ni quantifiable ni vérifiable, nous n'allions pas tomber amoureux."
- Stéphane Allix, journaliste. Source: Article "Nous sommes des âmes éternelles" de la revue Inexploré, numéro 51.
"La sécurité en ligne des femmes journalistes va au-delà de l'égalité des sexes et de la liberté de la presse, car elle a un impact direct sur la qualité de nos démocraties et le droit de la société à accéder à une pluralité d'informations. Cette simple vérité se dévoile dans le documentaire "A Dark Place", à travers des expériences de première main partagées par ces journalistes ciblées par des abus en ligne et des experts dans les domaines des droits de l'homme, du genre et de la liberté des médias."
"Au moins 700 000 personnes dorment dans la rue chaque nuit dans l’Union européenne, pourtant l’une des régions les plus riches du monde. Compte tenu du décalage entre les ressources disponibles d'une part, et la persistance de la pauvreté et du "sans-abrisme" d'autre part, ces chiffres ne sont pas simplement une source d'embarras : ils font du "sans-abrisme" une crise de droits humains. Un cinquième de la population de l'UE – soit 91,4 millions de personnes – y est toujours menacé de pauvreté ou d'exclusion sociale, et l'accès au logement reste difficile pour de nombreux Européens. Trois défis devraient être relevés pour faire face à cette crise de droits humains.
Il faut d'abord accepter de regarder la réalité en face, et prendre la véritable mesure du phénomène que l'on veut combattre. [...] Les données fiables font encore défaut dans l'UE. Cela complique à la fois l'élaboration des stratégies et le suivi des progrès réalisés.
Le deuxième défi tient au fait que les sans-abris, au lieu d'être traités comme des détenteurs de droits qui devraient se voir garantir l'accès à des recours, sont encore fréquemment criminalisés.
Un troisième défi, enfin, tient au fait que les personnes en situation de "sans-abrisme" devraient avoir accès à des voies de recours pour contester les actions qui ont conduit à leur expulsion de leur domicile et revendiquer un droit à une aide."
Source: Extraits choisis d'un article de La Libre. Les auteurs sont M. Olivier De Schutter, Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et l'extrême pauvreté, M. Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à un logement convenable et Mme Birgit Van Hout, Représentante régionale pour l'Europe auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.