"Depuis l'annexion de la Crimée, trois outils sont privilégiés par le Kremlin. Tout d'abord, l'emploi de la force militaire: en Syrie, les frappes aériennes et l'installation de systèmes antimissiles S-400 ont bouleversé la donne et ont permis à la Russie d'en tirer des bénéfices diplomatiques et politiques. Le deuxième outil relève de la "guerre hybride" ou "non linéaire": cette définition en vogue comprend la propagande, la guerre d'information, la diffusion de fake news (fausses nouvelles) et d'autres méthodes d'influence qui sèment le doute chez l'adversaire, permet de nier sa propre implication et rend la riposte difficile. Enfin, le troisième relève du domaine cyber. On soupçonne des hackers russes d'ingérence dans les élections américaines en faveur de Donald Trump. Sans qu'on puisse aujourd'hui établir les responsabilités et comprendre la véritable implication de l'Etat russe, l'impact est déjà considérable: la Russie n'est pas seulement perçue comme un perturbateur sur la scène internationale, mais comme une menace directe pour les démocraties occidentales."*
Que nous réserve l'avenir, si la Russie et consorts mettent toute leur intelligence et leur pouvoir au service d'objectifs anti-occidentaux ? Quels seront les pièges qui nous seront tendus ? La Turquie a déjà réussi à coincer l'Union Européenne sur le dossier des migrants. En plus d’incarner le rejet de l’Occident, Poutine conditionne plusieurs générations à considérer l’Occident comme un ennemi de la Nation. Quelles seraient les conséquences d'une offensive à grande échelle de la propagande russe sur les esprits des citoyens européens ? Leur objectif serait-il de retourner les citoyens contre leurs gouvernements, pour affaiblir nos démocraties, et rétablir la grandeur de la Russie au niveau international ? Si c'est bien le cas, nous aurions des peuples qui s'affronteraient pour des motifs idéologiques, plutôt que des armées se faisant face. Aujourd'hui, nous essayons de nous débarasser du terrorisme islamique alors qu'un autre pourrait se mettre en place. J'espère que ces projections ne vont pas se réaliser et que l'Europe saura y faire face, avec la collaboration volontaire de ses citoyens. Des citoyens européens qui auront pris la mesure de cette menace.
* Extrait du livre "La Russie de Poutine en 100 questions" par Tatiana Kastouéva-Jean. Voir aussi la définition donnée par Antoine Arjakovsky dans son livre "Occident-Russie": Une guerre hybride est un conflit réel préparé par la propagande d'un Etat, qui s'appuie sur une vision mythologique de l'histoire, visant à masquer les causes et les commanditaires de l'agression, et qui aboutit à la mise sous tutelle d'un territoire extérieur afin de déstabiliser le pays agressé.
Voir aussi l'article "La Russie est une menace systémique".