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Regards sur...
19 septembre 2017

Le credo de la croissance

Décroissance : Un XXIe siècle à la bougie ? Croissance, croissance, croissance ! Tel est le credo qui fait tourner les rouages du capitalisme mondialisé. Voici un intéressant débat d'idées entre Anselm Jappe, philosophe et Laurence Boone, économiste.

André Gorz, philosophe et journaliste appellait dès 1977 dans son livre "Ecologie et liberté" à une révolution écologique, sociale et culturelle qui abolirait les contraintes du capitalisme. Pour lui, l'énergie étant limitée, la surconsommation des uns condamne les autres à la misère. La croissance économique est une illusion qu'il faut combattre.

Geneviève Ferone et Jean-Didier Vincent, dans leur livre "Bienvenue en Transhumanie", nous avertissaient déjà en 2011 sur la croissance économique : "Il faut toujours continuer à vendre, à acheter et à consommer. (...). Certaines voix s'élèvent pour faire observer que dans les pays développés, nous sommes arrivés à un point où la croissance économique ne nous apporte que peu ou pas d'amélioration. En revanche la croissance menace de causer de grands dommages à nous-mêmes et au reste du monde, avec le réchauffement de la planète, l'augmentation du prix des ressources et le risque d'effondrement écologique. Pourtant le consensus est que la croissance est nécessaire pour réduire le chômage et promouvoir la stabilité économique. Mettre un terme à la croissance est proprement inconcevable.

Une double approche est requise pour envisager un monde sans croissance : en plus de changements dans nos modèles économiques, il est nécessaire qu'aient lieu des changements sociaux remettant en cause la place accordée aux valeurs matérialistes. Nous pouvons appeler de nos voeux une économie qui favorise l'épanouissement humain, mais personne ne sait très bien décrire pour près de 7 milliards de personnes à quoi pourrait ressembler une société où les gens dotés d'un niveau de vie confortable jouiraient de temps libre en abondance pour développer leurs talents et leur humanité, dans toute la mesure du possible. (...).

Que dire alors de la décroissance ? Décroissance de quoi exactement ? Considérant que notre mètre-étalon de la croissance est le PIB (produit intérieur brut), pouvons-nous mesurer avec le même instrument ce que serait la décroissance ? Ce n'est pas si simple. Ce PIB synonyme de progrès social est très imparfait, il n'intègre pas de variables plus qualitatives et ne tient pas compte de l'impact de l'homme sur le capital naturel. Si on se réfère au capital naturel, la décroissance est déjà amorcée. Ce qu'il faut faire décroître de façon urgente est notre empreinte écologique, c'est-à-dire la pression de l'homme sur son environnement. Cela passera très certainement par un autre modèle économique intégrant cette contrainte et une nouvelle politique de redistribution et de gestion des ressources. (...).

Les différentes crises - économique, écologique, énergétique - ne sont pas simplement "conjoncturelles" ou "contingentes", elles sont l'expression d'une crise fondamentale, c'est tout un mode de vie, de production, et de pensée, vieux d'au moins deux cent cinquante ans, qui ne semble plus capable d'assurer la survie de l'humanité, et il y a de bonnes raisons de penser que nous sommes en train de vivre une mutation historique de notre modèle. (...). Les limites de la prospérité, aujourd'hui, sont plus dépendantes du capital naturel disponible que des prouesses technologiques. Les défis auxquels nous devons répondre nous invitent autant à l'audace, à l'humilité qu'à la solidarité. Tant que nous n'aurons pas accepté et intégré ces nouvelles dimensions d'échanges et d'interconnexions entre différentes disciplines et communautés d'acteurs, cette foi aveugle dans le progrès technologique risque de devenir une nouvelle religion en croisade contre les adorateurs du principe de précaution, et autres fossoyeurs de notre civilisation moderne."

"On en vient facilement à l'idée d'une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d'économistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la "presser" jusqu'aux limites et même au-delà des limites" - Pape François, LS 106.

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